Par Sandrine Dumont
Dernière mise à jour : mai 2017

L’animation s’adresse à différents publics dont les enfants dès 3 ans, adolescents et jeunes adultes ; couvrant les champs particuliers de la petite enfance, de l'enfance et de l'adolescence. Ces classes d'âge, correspondant à des stades de développement (physique, intellectuel, social...), sont relativement contemporaines au regard de l'évolution de la place de l'enfant et de son éducation dans l'histoire de l'humanité. L'évolution du cadre réglementaire et de la société contemporaine en a élargi les champs aux enfants en situation de handicap, aux adultes et aux personnes âgées. Les animateurs doivent proposer et conduire des projets adaptés aux différents publics, en termes de besoins, de capacités et d‘âge. C’est pourquoi connaitre les différents publics permet d’adapter au mieux les pratiques professionnelles à la diversité des profils rencontrés et d’être au plus près des publics.

1. L’enfant : 2-12 ans

Petite enfance 2-6 ans

Les capacités motrices du très jeune enfant connaissent un développement spectaculaire durant sa première année. Impotent et totalement dépendant à la naissance, le bébé acquiert en quelques mois un contrôle et une autonomie notables dans la production des mouvements de tête (orientation, détection) des bras, des mains (prise et exploration d'objets) et des jambes (locomotion).

Ce développement va de pair avec des modifications importantes du système nerveux central et de la maturation fonctionnelle des structures cérébrales : la myélinisation du cerveau [la myéline est une substance qui constitue à elle seule la moitié du poids du cerveau, elle sert à isoler et protéger les fibres nerveuses (comme un plastique autour de fils électriques, grâce à sa gaine isolante)] qui s'étend surtout de la naissance à l'âge de 4 ans, conditionne l'augmentation de la vitesse de conduction des fibres nerveuses, donc la finesse et la rapidité des mouvements volontaires, l'habileté motrice.

Si la localisation exacte des neurones est génétiquement déterminée, leurs contacts synaptiques s'établissent de façon aléatoire. C'est le fonctionnement ultérieur qui privilégie certaines connexions et entraîne la régression de celles qui sont inutiles.

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) a été l’un des précurseurs sur la question du développement de l‘enfant.

Dans son livre « Emile ou De l’éducation » (1762), il évoque pour la première fois les différents stades du développement de l’enfant et le rôle de l’éducateur en tant qu’accompagnateur conscient et habile de ce processus naturel. En un mot : maturation biologique et apprentissage social sont indissociables; un environnement riche d’expériences et de stimulations va influer positivement (accélérer) sur la maturation physiologique.

On parle de développement psychomoteur en ce sens que c’est par son corps, ses mouvements et ses actions que l’enfant part à la rencontre de son environnement. Or, l’activité motrice est principalement intentionnelle et ne peut être séparée du développement de l’intelligence et des connaissances. De même, activité motrice et intelligence sont fortement corrélées avec la vie émotionnelle et affective de l’enfant, notamment dans les rapports humains qu’il établit avec le monde.

L’enfant est en pleine construction,; son développement porte sur les aspects physiologique, psychomoteur, intellectuel, affectif et social. Il présente des caractéristiques et besoins propres à chacun de ces aspects que tout animateur doit connaître afin de proposer des projets et activités adaptés.

  • Développement physique (poids, taille, muscles, cerveau, …) caractérisent son développement physiologique
  • Développement psychomoteur : Motricité fine, préhension, équilibre, latéralité, résistance, etc. pour les aspects psychomoteurs. L’enfant a besoin de bouger, de réaliser différents mouvements dans des activités sportives multiples
  • Développement de la fonction symbolique (représentation mentale) et imaginaire, de la temporalité, du langage et du vocabulaire pour les aspects intellectuels.L’enfant a un existentiel besoin de savoir (« pourquoi ? ») et d’histoire(s) – affabulation puis d’analyser, comprendre et résoudre (opérations concrètes).
  • Développement psychique : égocentrisme, complexe d’Œdipe, opposition, curiosité pour la sexualité… pour les aspects psychiques et affectifs. L’enfant a besoin de sécurité : stabilité, repères, régularité et prise en considération de son individualité.
  • Développement moral : d’un jugement moral hétéronome (par l’adulte) vers l’analyse citoyenne, différenciation sexuelle, etc.L’enfant a besoin de justice, d’un cadre clair mais aussi d’activités solitaires.

En définitive, l‘enfance est une période « plastique », marquée par une très grande disponibilité pour les apprentissages, conditionnée par une capacité de concentration évolutive qui requiert, pour l’animateur, une grande variété d’activités continuellement adaptées.

Tableau synoptique du développement de l’enfant 2-12 ans

Age (ans)Sensoriel/MoteurPsychologique/Social/AffectifCognitif/Langagier
2-3 ans
  • commence à enchainer des gestes
  • manipule petits objets
  • tient un crayon
  • monte et descend des escaliers
  • saute à pieds joints
  • tourne les pages d’un livre
  • coupe avec des ciseaux
  • maitrise mal ses mouvements
  • ne maitrise pas sa course (rallentir, changer de direction…)
  • lance sans maitriser la direction
  • pas de notion du temps
  • désir de se situer dans l’environnement : besoin de repères, d’affection, de sécurité, d’espaces réduits.
  • se reconnaît dans un miroir
  • conscience de soi : « moi » « je ».
  • égocentrisme: le groupe est une somme de “je“
  • vient opposant (non)
  • prédominance des manifestations émotionnelles
  • commence à comprendre qu’il y a un autre monde en dehors du noyau familial
  • attachements multiples
  • - jeux symboliques

200-300 mots

  • comprend les demandes
  • modifie les demandes selon l‘interlocuteur
  • - identifie les objets par l’usage

3-4 ans

âge du pourquoi

  • enchaine des mouvements
  • court avec aisance
  • dissociation motrice
  • lance une balle avec extension du bras
  • tape dans un ballon
  • fait du tricycle
  • sens de l’équilibre
  • marche sur la pointe des pieds
  • - motricité fine: boutonne, dévisse, suit un trait, …
  • aime aider
  • rencontre d’autres enfants dans ses jeux et essaie de s’y associer ponctuellement, sur courte durée (porter, remplir…).
  • identifie des parties du corps
  • premiers copains
  • attend son tour
  • critique autrui
  • commence à dessiner des bonhommes.
  • besoin de répéter les choses, les gestes
  • - commence à poser des questions (pourquoi?)
  • comprend des promesses
  • produit des demandes
  • produit des justifications
  • joue avec le langage
  • acquisition des concepts d’espace, de temps, de quantité; notion de distance (près-loin)
  • -reconnaît haut, bas, dessus, dessous devant, derrière, à côté mais toujours avec un objet fixe, permanent
  • vague notion du passé et du futur
  • pas de notion de durée.
  • -principe du comptage
4-6 ans, âge de grâce
  • fluidité motrice
  • monte à l’échelle
  • descend normalement un escalier
  • bondit, saute, se balance
  • attrape un ballon.
  • peut rester immobile
  • sens de l‘équilibre
  • marche en arrière
  • tient sur un pied pendant une courte durée
  • vélo sans roulettes
  • motricité fine: capable de gestes précis et adaptés :
  • frappe sur un clou, scie et coupe
  • lace ses chaussures
  • tient un papier d’une main et écrit de l’autre
  • stabilité du genre (se reconnaît fille/garçon)
  • s’intéresse aux âges
  • manifeste de l’intérêt pour l’activité des adultes
  • négocie avec l’adulte
  • compétition avec les parents
  • comprend l’état mental des autres
  • choisit ses amis
  • sait se contrôler
  • jeux de compétition
  • attentif à sa performance
  • invente des jeux et peut changer les règles
  • revit dans ses jeux des moments vécus
  • dessine un bonhomme
  • peut copier des formes simples
  • reconnaît ce qu’il mange
  • pose beaucoup de questions...
  • fragilité de l’attention accaparée par les stimulations extérieures.
  • âge du merveilleux et de l’affabulation
  • - turbulences et espiègleries
  • classification (ex : les couleurs)
  • sériation (ex : récite la suite numérique (1, 2, 3…), mais n’a pas la notion de nombre ni de quantité)
  • commence à distinguer hier et demain
  • début de la conservation (l’ordre des éléments n’en modifie pas la quantité)
  • 2500 mots
  • parle de façon correcte
  • répond au téléphone- lecture logographique
  • identifie des rimes
  • demande la signification de mots abstraits ou nouveaux
  • écrit son prénom
  • - dessine un bonhomme

6-8

Âge de raison

  • poussée de croissance
  • intérêt pour le sport
  • maitrise gestuelle
  • gestuelle de plus en plus précise et fine
  • commence à perdre son naturel
  • identité de genre
  • fragile et instable il se réfère à l’adulte (valeur morale)
  • âge des collections en quantité
  • philosophe
  • pose des questions existentielles ou sur des notions abstraites (existence de Dieu…)
  • - différencie réel et virtuel
  • utilise la forme passive
  • apprentissage de la lecture/écriture
  • opérations concrètes
  • logique du nombre
  • mémorisation: récitation
  • essais de formulation critique et analyse
  • prend en compte le point de vue d’autrui
  • maitrise les registres de langue
  • relations de sens entre les mots d’une phrase, d’un texte
  • 6000 mots*

*un adulte cultivé utilise entre 20-40.000mots

9-12, âge des copains

- meilleure période pour une acquisition rapide des automatismes (danse, ski…)

- coordination des mouvements en fin d’acquisition

- équilibre assuré

- immobilité soutenue

- premières capacités aérobies

- performances mesurées (distance-temps)

- image corporelle précise.

- besoin de justice, d’initiative et d’indépendance relative

- notion du droit et devoir.

- équilibre entre intérieur et extérieur de la famille.

- revendique une certaine autonomie mais besoin que l’adulte fixe des objectifs à son activité

- stade de l’association et de l’organisation du groupe

- âge des copains.

- on s’observe

- désir de compétition

- ségrégation sexuée : garçons – filles

- l’attention peut être soutenue

- activités créatrices en baisse

- image mentale acquise.

- besoin d’aventure et de découvrir le monde

2. L’adolescence ou complexe du homard*: une période transitoire de grands changements

*Quand le homard grandit, sa carapace devient trop étroite. Aussi il en sort, par la tête, avec une nouvelle carapace souple et molle. Une fois sorti, doté de sa nouvelle peau, fragile, vulnérable, il mange son ancienne carapace pour en absorber le calcium qui durcira sa nouvelle carapace et en accélérera la résistance. Pendant cette période de mue, il est vulnérable.

Françoise Dolto a utilisé cette image du homard pour évoquer la « crise d’adolescence », période de mutation de l’enfant en adulte. Etymologiquement, le terme vient du latin « adolescere » qui signifie « en train de grandir, de croître ». Ainsi, l’adolescence est un processus qui intègre à la fois une transformation physique (croissance 8-10 cm/an), psychique (mentale et comportementale), physiologique (organes, sexualité) mais aussi social (autonomie et désir d’indépendance, importance croissante des groupes de pairs…) et culturels (avènement d’une « culture jeunes » faite de musique, de mode vestimentaire, d’un langage générationnel, de pratiques et de centres d’intérêt communs…).

Période de deuils, l’adolescence commence avec les premiers signes de puberté : l’adolescent prend possession, entre autres, d’un nouveau corps d’adulte (dont il ne sait pas encore quoi faire); de désirs et d’une sexualité qui lui sont moralement interdits. Il quitte un corps d‘enfant, mais il quitte aussi le cocon familial et toutes les représentations qu’il avait construites en tant qu’enfant (deuil de l’enfant), sans avoir pour autant l’accès au monde ni au statut adulte qu’il recherche (frustration).C’est en somme un moment critique de rupture d’équilibre entre deux états (enfant et adulte) et ce bouleversement se poursuit durant plusieurs années, marquées par des crises régulières symptomatiques de sa quête d’identité.

Quelques repères chiffrés

- 10,5 ans = âge moyen de début de la puberté pour les filles

- 11 ans = âge de l’entrée au collège

- 12,5 ans = âge moyen de début de la puberté pour les garçons

- 13 ans = âge de la sanction pénale (prison), âge moyen de la 1ère cigarette

- 14 ans = âge minimum pour piloter un deux roues motorisé

- 15 ans = âge du consentement sexuel (sauf certains cas), entrée au lycée

- 16 ans = fin de la scolarité obligatoire

- 17 ans = âge moyen du 1er rapport sexuel (2008)

- 18 ans = majorité, responsabilité civile, pénale pleine et entière, droit de vote, permis de conduire…

- 25 ans = dernière année pour bénéficier de la carte jeune SNCF

2.1. Début et fin de l’adolescence

L’âge d‘entrée et de sortie de l’adolescence dépendent de l’angle de vue retenu.

Sortir de l’adolescence se faisait naguère par des rites sociaux initiatiques comme le service militaire pour les garçons (supprimé depuis 1997), le premier travail fixe (de plus en rare avec les stages et petits boulots en tout genre), le mariage (en baisse), ou le fait de devenir parent (vers 31 ans aujourd’hui). Ces rites de passage étant aujourd‘hui brouillés, l’âge social de sortie de l’adolescence dépend de plus en plus de chaque individu et de son environnement. On utilise d’ailleurs les termes de « post-adolescent » ou d’« adulescent » pour parler de jeunes adultes censés ne plus être « ados » mais l’étant toujours un peu.

L’entrée dans l’adolescence se manifeste avant tout par la puberté, repère objectif.Le terme puberté vient du latin « pubescere » qui signifie littéralement se couvrir de poils. C'est, sur le plan physique, la période de transition entre l'enfance et l'état adulte qui s'accompagne d’importantes transformations corporelles et psychologiques. Le déclencheur est hormonal et conduit in fine à la possibilité de procréer. On considère en fait que la puberté est terminée quand la fonction de reproduction est acquise. Elle est marquée, pour les filles notamment par le développement des seins et l’apparition des règles ; pour les garçons par l’augmentation du volume de l’appareil génital. Outre la pilosité, l’acné et la mue commune aux deux sexes, la puberté s’accompagne d’un pic de croissance (8 à 10 cm/an) . L’âge médian d’entrée dans la puberté est 10-11 ans pour les filles, 12-13 ans pour les garçons.

Vous avezdit « crise » ?

Tous les changements subis par les adolescents entrainent, outre la fatigue (augmentation des besoins en sommeil), une modification radicale de l’image de soi. Ces changements peuvent être attendus pour grandir plus vite mais ils peuvent aussi être redoutés : les jeunes en période de puberté ne sont plus les enfants qu’ils ont été mais ne sont pas encore les adultes qu’ils seront. Cette période de transition physiologique peut par conséquent créer une instabilité émotionnelle et une fragilité psychologique.

C’est la période des complexes : le corps est au centre des préoccupations adolescentes et l’apparence devient essentielle. [A titre indicatif, ¼ des filles de 15 ans, préoccupées par leur poids, suit des régimes alimentaires (rapport HBSC 2013-2014)]. Les habitudes alimentaires changent : raréfaction du petit déjeuner, des fruits et légumes, des repas en famille, une alimentation plus manufacturée (fast-food) et internationale (soirée sushis, …).

Les adolescents montrent une tendance au repli narcissique (ils peuvent par exemple passer plusieurs heures dans la salle de bain) mais aussi un désir très fort d’être accepté dans son groupe d’appartenance où les pulsions sexuelles naissantes appellent de nouvelles stratégies de séduction.

2.2. Génération Alpha

La génération Y ou génération Erasmus (1975-1980/1990-2000), celle des animateurs, a été un choc générationnel : pour la première fois, les enfants apprenaient à leurs parents à se servir de leurs outils quotidiens (téléphones puis smartphones, ordinateurs puis tablettes). Et en entrant sur le marché du travail, cette génération importait ses appareils personnels (phénomène du BYOD : « Bring your own device » - apportez vos appareils personnels), car elle avait en poche des outils parfois plus perfectionnés que ceux de l'entreprise.

La génération Z (née après 2000) ou génération A (alpha) concerne les adolescents d’aujourd’hui. Contrairement aux Y-Z nés avec le numérique, la génération A est née dans le numérique : on les appelle les « digital natives », car nés avec smartphone et tablette, androïds, jeux vidéo et toutes sortes d’« applis » et de droides où le clavier a cédé le pas aux surfaces tactiles. Les « A » sont une génération hyperconnectée à ce que les Américains appellent « Internet of everything » (Internet de/pour tout) : amis, information, achats, devoirs, loisirs, jeux, sorties, culture, etc. L‘hypeconnectivité innée de ceux qui ont grandi dans les technologies de l'information, Internet et ses réseaux sociaux la différencie de son aînée, la génération Y (qui a dû apprendre à s‘en servir et l’utilise comme un outil); ce qui lui vaut également le sobriquet de « génération C » (Communication, Collaboration, Connexion, Créativité).

A titre indicatif : 88% des adolescents aujourd’hui chattent sur des réseaux sociaux, s’identifient aux nouvelles idoles du web (la figure de proue des Z, Tavi Gevinson, a créé son premier site, Rookie, à 11 ans) et autres youtubeurs (Cyprien, Norman, EnjoyPhoenix, …). Ils y développent une culture, un lexique et des codes sociaux propres à ce monde en réseau où la reconnaissance passe par le nombre de « followeurs ». Distraction, humour potache, légèreté… des réseaux, que le sociologue Michel Fize identifie comme le prolongement virtuel d‘une cour de récréation, renforcent une caractéristique qui définit de plus en plus les adolescents : se faire plaisir, vite, satisfaire ses désirs, réagir dans l’instantanéité, prolongeant égocentrisme et narcissisme infantiles.

Le rapport aux écrans des jeunes et très jeunes mérite vigilance : les jeunes n'ont aucunement peur des nouvelles technologies qu’ils maitrisent souvent mieux que les adultes, mais ils n’ont pas forcément la distance nécessaire par rapport aux contenus et enjeux des grandes majors du Net.

2.3. Les conduites à risque

L’adolescence est l’âge du physiquement possible, mais du moralement interdit (sexualité, alcool, cannabis…). C’est une période de transition favorable à la transgression afin d’aller vers son autonomie sociale et son indépendance.

La prise de risque est une étape nécessaire à la construction de l’individu. Dans un cadre festif, propice au relâchement social, les risques pris par les adolescents sont des composantes de sa vie à considérer comme des explorations de soi, de découverte de ses limites, de recherche de plaisir ou de soulagement, de besoin d’identification et de reconnaissance par les pairs qui se conjuguent avec le détachement parental.

Les effets recherchés sont le plus souvent l’euphorie ou la détente, la disparition de l’inhibition et autres stimulations diverses (complicité, …) et sensations fortes.

Les conduites à risques licites (tabac, jeux vidéo, alimentation) peuvent se développer dans la sphère familiale, alors que l’illicite (stupéfiants, alcool, imprudences routières) prend sa source plutôt dans les relations « amicales ».

Si elles constituent potentiellement un danger pour la santé ou pour l’avenir du jeune sur le plan physique, psychologique ou social, c’est surtout un usage important, associé à un mal-être quelconque qui peut provoquer des conséquences en termes d’angoisse, de troubles de la concentration, de décrochage scolaire, générant un cercle vicieux dans lequel peut s’enfoncer l’adolescent.

On distingue généralement :

- les conduites d’essai et d’exploration, où l’adolescent explore ses limites, transgresse certaines règles mais minimise néanmoins sa prise de risque (vol, prise occasionnelle de drogues…) ;

- les conduites d’excès, où les limites sont dépassées de manière plus extrêmes, plus destructives, avec cette fois des risques encourus plus importants (consommation excessive et régulière d’alcool ou de drogues, violence, anorexie, rapports sexuels non protégés…) ;

- les conduites ordaliques où, en plus du dépassement extrême des limites, l’adolescent se met en danger de mort et joue son existence en la remettant parfois au hasard. Le jeune « joue sa vie pour mieux la sauver », en ce sens que le vertige de la situation et l’impression de victoire sur la mort est une sensation si forte qu’elle procure un sentiment d’exister.

Les conduites à risque provoquées par une recherche identitaire normale à l’adolescence peuvent néanmoins conduire à des comportements pathologiques comme la violence, la scarification voire des conduites suicidaires. Il semblerait que plus les risques sont pris tôt, plus ils sont importants, avec parfois des pertes irréversibles (fonctions cognitives, comportements addictifs et engrenage vers la dépendance à des substances plus lourdes).

C’est aux parents et acteurs éducatifs de contribuer à freiner le processus d’influence négative des pairs et repérer les situations et/ou comportements potentiellement pathologiques, avant qu’ils ne le deviennent.

Les conduites à risque à l’adolescence

Les différentes

conduites à risque

Le « cocktail » dangereux

Le rôle de la

communauté éducative

  • Vols
  • Dégradations
  • Délinquance routière (excès de vitesse, conduite sans permis ou sans casque, slalom interfile, feux rouges grillés sans visibilité…)
  • Consommation excessive d’alcool (« binge drinking »)
  • Consommation de drogues
  • Revente de stupéfiants
  • Violences physiques, agressions
  • Agressions sexuelles, viol, viol en réunion
  • Rapports sexuels non protégés
  • Jeux dangereux (jeu du « foulard », automutilations)
  • Tentatives de suicide (600 suicides de jeunes par an = 2ème cause de mort violente chez les moins de 25 ans après les accidents de la route)
  • Anorexie mentale
  • Sports extrêmes
  • Décrochage scolaire, déscolarisation brutale ou progressive
  • Fugues
  • Méconnaissance du danger et/ou de ses conséquences
  • Conduites à risque régulières, répétées
  • Dangers multiples qui se renforcent
  • Danger extrême
  • Attrait envers ce danger par les bénéfices secondaires qu’il renferme et entraînant une addiction
  • Conduites associées à d’autres troubles (psychologiques, affectifs, sociaux, scolaires, familiaux…)
  • Influence du groupe de pairs
  • Manque de dialogue et d’encadrement au sein de la famille
  • Négligences ou maltraitances
  • Distinguer les conduites d’essai et d’exploration des conduites extrêmes
  • Garder à l’esprit que chaque histoire personnelle est singulière
  • Eviter de « faire la morale »
  • Communiquer, créer du lien, écouter, chercher à comprendre
  • Etablir une relation de confiance et de respect mutuel
  • Développer une communication interactive où les jeunes sont impliqués et participatifs
  • Travailler en équipe, en partenariat avec les autres acteurs de la prévention
  • S’inscrire dans des dispositifs existants
  • Jouer son rôle de référent et ne pas hésiter à faire le rappel à la loi en aidant les jeunes à en comprendre le bien-fondé
  • Permettre au jeune de se sentir en sécurité
  • Aider l’adolescent à obtenir de la reconnaissance et à développer de l’estime de soi par d’autres voies que la transgression

En définitive, le « complexe du homard » illustre la longue transformation qui fait de l‘adolescent un sujet extrêmement sensible. Néanmoinssi l’adolescence est souvent perçue comme une période de crise psychosociale, liée aux innombrables bouleversements, de plus en plus de spécialistes considèrent que cette « crise » n’est pas une fatalité et qu’elle n’est dangereuse ou réellement problématique que pour 10 à 15% des jeunes.

Si crise il y a, c’est bien plus souvent à cause de la peur engendrée par cette classe d’âge qui revendique souvent bruyamment, mais légitimement, sa place dans la société. C’est aussi une crise pour les parents qui peuvent éprouver certaines difficultés devant les revendications d’autonomie de leurs enfants, perdant par là-même une partie de leur statut de parent.

Ainsi, ne voir l’adolescence que par le prisme des troubles ou des conduites à risque est une façon biaisée et stigmatisante d’aborder les situations que vit cette classe d‘âge.

3. Les personnes/enfants handicapés

En guise d’introduction : Contexte historique de la loi du 11 février 2005

Durant l’Ancien régime, la France, pays de culture judéo-chrétienne, associe le handicap à la notion de péché (culture de la faute originelle) : les personnes handicapées sont rejetées, dissimulées, parquées dans des institutions religieuses et autres hospices ; elles relèvent de la charité chrétienne. Les premiers hotels-dieu pour les infirmes et miséreux de la Renaissance, les Invalides pour les vétérans devenus inaptes au travail sous Louis XIV, seront les premières institutions „dédiées“. La définition restrictive du handicap par le préfixe “in“ (invalide, infirme, inadapté, incapable, impotent, etc.) révèle une contruction mentale collective négative, ségrégative. Les personnes handicapées ne faisant pas partie de la société „normale“ en sont exclues, y sont étrangères, au sens politique de terme : autres statuts, autres droits.

Le siècle des Lumières ouvrira le champ expérimental du handicap sensoriel avec l’Abbé de l‘Epée (pour les sourds, avec la langue des signes), Valentin Hauy (pour les aveugles, avec le braille). Puis, nombre de traités philosophiques des Lumières, à commencer par l‘Emile ou de l’éducation (Rousseau), soulèvent la question de l’éducation des enfants, et des enfants handicapés (Diderot: Lettre pour les aveugles (1749)). Enfin, en 1790, l’Assemblée Constituante adopte le principe du devoir d’assistance aux personnes handicapées.

Les mentalités évoluent au fil des siècles, des bouleversements sociétaux et des guerres, dont la première mondiale fournira son lot d’invalides qui se sont battus pour la France. L‘invalidité résultant de la guerre relève désormais de la nation (solidarité nationale).

Il faudra attendre 1975 pour la première loi cadre. La Loi d’orientation en faveur des personnes handicapées (Simone Weil, sous la présidence de Giscard d‘Estaing) fixe le cadre juridique de l’action des pouvoirs publics: dépistage (prévention), obligation éducative, accès aux institutions, reconnaissance du handicap déléguée aux commissions départementales (institutions sociales) ; CDES pour les jeunes ; COTOREP (COmmission Technique d’Orientation et de REclassement Professionnel) pour les adultes.

La loi du 11 février 2005, dite loi pour l’égalité des droits et des chances,la participation et la citoyenneté des personnes handicapées

Mesures phares de la loi

  • Au-delà d’une définition légale du handicap : un accès au cadre de la vie « ordinaire »

Le premier point fort de la loi du 11 février 2005 réside dans la définition même du handicap : « constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un poly-handicap ou trouble de la santé invalidant » (art. 1)

Cette définition du handicap prend en compte non seulement la limitation d’activité (l’ancienne « incapacité ») mais encore la « personne » et surtout la participation à la vie en société des personnes handicapées vues comme citoyens à part entière (donc avec les mêmes droits – relevant du droit commun).

Elle en énumère les différents types et distingue ce qui relève du handicap de ce qui relève de la santé ; les personnes handicapées n’étant pas forcément « malades ».

  • Les aspects légaux du handicap mis en évidence dans la loi

La définition légale relève différents aspects du handicap :

> le degré (atteinte faible, moyenne, profonde… ex : lunettes – cécité) ;

> la nature (moteur, sensoriel …) ;

> l’évolutivité (temporaire, durable, définitif, guérison, adaptation) ;

> la norme sociale (ex : si tout le monde était sourd, la surdité ne serait pas un handicap – environnement social) ;

> polyhandicap (une cause – plusieurs effets) ;

Mais n’évoque pas le pluri-handicap (plusieurs causes indépendantes)

  • Accès aux droits fondamentaux et égalité de traitement : les enfants à l’école selon la carte scolaire

Elle stipule par ailleurs « l’accès aux droits fondamentaux reconnus à tous les citoyens ainsi que le plein exercice de la citoyenneté »,l’Etat étant le garant de « l’égalité de traitement des personnes handicapées ». (art. 114-1).

Elle assure en outre « l’accès de l’enfant, l’adolescent ou adulte handicapé aux institutions ouvertes à l’ensemble de la population et son maintien dans un cadre ordinaire de scolarité, de travail et de vie » (art. 114-2). Autrement dit, c’’est une des grandes innovations de cette loi que les enfants handicapés puissent fréquenter l’école, l’accueil de loisirs de leur quartier. Une équipe de suivi (AVS, AVL, enseignants référents, coordinateur…) est mise en place.

[En aout 2005 : 8000 postes d’assistants d’éducation sont créés.]

  • Création d’un guichet unique: la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées)

Les MDPH sont des groupements d’intérêt public (GIP) sous tutelle administrative et financière du département. La loi de 2005 précise que c’est un lieu unique par département destiné à faciliter toutes les démarches des personnes handicapées. Ainsi, dans chaque MDPH, une équipe pluridisciplinaire (médecins, ergothérapeutes, psychologues, spécialistes du travail social, de l’accueil scolaire…) est chargée d’acueillir, d’évaluer la situation et les besoins spécifiques de chaque personne et accompagne son projet de vie (notamment par la compensation). Elle informe et accompagne les personnes handicapées et leur famille dès le diagnostic du handicap et tout au long de son évolution.

  • La CDAPH (Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées)

La CDAPH, au sein de la MDPH, se prononce sur toutes les demandes présentées par les personnes handicapées et leurs familles : reconnaissance du handicap, orientation scolaire, professionnelle ou médico-sociale, prestations (Allocation  d’Education de l’Enfant Handicapé, Allocation aux Adultes Handicapés, Prestation de Compensation du Handicap…) et droits divers (cartes d’invalidité, de stationnement, de priorité…).

Déficience – Incapacité – DésavantAge : la compensation

  • Déficicence : aspect lésionnel

La déficience est l’« altération d’une structure ou d’une fonction psychologique, physiologique ou anatomique »

Monsieur Dupont a un accident de la route: ses deux jambes sont sectionnées.

  • Incapacité: aspect fonctionnel

L’incapacité est la « réduction partielle ou totale de la capacité à accomplir une activité normalement »

Monsieur Dupont, sans ses jambes, ne peut plus se déplacer «normalement »

  • Désavantage : aspect situationnel

Le désavantage « limite ou interdit l’accomplissement d’un rôle normal, en rapport avec l’âge, le sexe, les facteurs sociaux et culturels »

Comme Monsieur Dupont ne peut plus se déplacer normalement, il est désavantagé.

  • La compensation

La compensation (droit légal) est la prise en charge par la société (collectivité nationale) du désavantage généré par le handicap, quelle que soit « l’origine et la nature de la déficicence » (art. 158, de la Loi du 17 janvier 2002 de modernisation sociale).

Handicapé, personne handicapée, personne en situation de handicap

La loi 2005 prend en considération l’aspect situationnel du handicap ; une personne handicapée n’est handicapée que dans certaines situations.

Monsieur Dupont, ingénieur informatique, est en situation de handicap pour ses déplacements ; il ne l’est pas devant son poste informatique, sur son lieu de travail.

Son handicap se révèle notamment pour ses déplacements, ce sur quoi portera la compensation.

Le handicap en quelques chiffres

Selon le Ministère de la Santé (2016) 12 millions de français sont touchés par un handicap. Parmi eux :

80% ont un handicap « invisible »

13.4% ont une déficience motrice

11.4% ont une déficience sensorielle

9.8% ont une déficience organique

6.6% ont une déficience intellectuelle ou mentale

2-3% utilise un fauteuil roulant

30% des déficiences motrices sont d'origine accidentelle.

5,97% de travailleurs handicapés dans la FPT (5.3% dans la FPH; 3.8% dans la FPE)

Autrement dit :

4 millions de français ont une carte d’invalidité

1.062.300 allocataires de l’AAH (Allocation adulte handicapé)

242.800 enfants bénéficiaires de l’AEEH (Allocation d’éducation de l’enfant handicapé)

330.247 enfants handicapés scolarisés en 2016 dont 278.978 scolarisés en établissement ordinaire

Sur 5 millions de mal-entendants, 80.000 pratiquent la LSF

Sur 1,7 million de personnes malvoyantes, 207 000 personnes sont aveugles ou profondément malvoyantes (60.000 « aveugles complets)

1 million de personnes souffrent d’un handicap mental

80 000 personnes relèvent de l’autisme

271.000 demandes de prestations de compensation adressées aux MDPH en 2015.

  • Les différents types de déficiences et handicaps
Types de handicapsParticularités/originesDifficultés rencontréesExemples
MOTEUR
  • 3 origines:
    • cérébrale (lésion au niveau du cerveau)
    • médullaire (moelle épinière; nerfs, muscles)
    • ostéo-articulaire
  • Lenteur de déplacement
  • Lenteur de préhension
  • Difficulté d’élocution
  • Tonicité musculaire limitée
  • Hauteur de vue (fauteuil roulant)
  • infirmités
  • amputations
  • malformations
  • paralysies (para/tétraplégies, hémiplégies)
  • maladies neuromusculaires (myopathies, neuropathies…)

SENSORIEL

audition

  • 3 origines
    • oreille externe (perception)
    • oreille moyenne et interne (transmission nerveuse)
    • cerveau (décryptage)
  • 4 degrés de déficience : légère, moyenne, sévère, profonde
  • communication (LSF ; oralisation - lecture labiale ; structure linguistique différente)
  • concentration
  • compréhension (lecture)
  • lien social: les “sourds“ (et muets dans les représentations) sont souvent associés à la débilité ; irritabilité
  • NB : les difficultés diffèrent selon qu’on naît malentendant/sourd ou qu’on le devient
  • appareillage (qui amplifie les sons parasites)
vision
  • 2 types de déficience
    • champ de vision
    • acuité visuelle (netteté)
  • repérage dans l’espace
  • perception des informations (reliefs, constrastes, luminosité, …)
  • dangerosité des déplacements
  • sensibilité à l’environnement sonore
  • fatigabilité
  • NB : les difficultés diffèrent selon qu’on naît malvoyant ou qu’on le devient
  • vision floue
  • vision tubulaire
  • vision périphérique
  • cécité de naissance ou acquise
  • photophobie
  • blindisme
  • daltonisme

MENTAL

(3 types de handicap)

mental

  • Conséquence d’une déficience du développement intellectuel ; il touche les capacités cognitives
  • Degrés de déficience :
  • léger, moyen, sévère ou profond
  • mémorisation
  • communication verbale/non verbale
  • altération des interactions sociales
  • alteration de la temporalité
  • troubles du comportement (agitation, personnalité, …)
  • coordination motrice
  • centres d’intérêts restreints, limités et répétitifs
  • stéréotypies
  • troubles de la perception, de l’attention, de l’émotion
  • prise de décision
  • trisomie 21 (ou « syndrome de Down »)
  • TED (Trouble envahissants du développement)
  • autisme (1/150 enfant)
  • syndrome d’Asperger
  • syndrome de Rett (trouble de développement du système nerveux central)
cognitif
  • Affecte les fonctions intellectuelles (pensée, raisonnement…) ; on y trouve les – dys
  • dyslexie; dysphasie; dyspraxie; …
  • troubles mnésiques
  • hyperactivité
psychique
  • Résulte d’une maladie mentale (trouble psychiatrique) ; ses atteintes sont comportementales/sociales
  • déficit relationnel
  • hyper-sensibilité : altération du jugement
  • conscience de sa souffrance
  • désorganisation de la pensée
  • grande variabilité (hypo-hyper)
  • désintérêt-rêverie-énervement…
  • hallucinations
  • troubles schizophréniques
  • psychoses
  • troubles bipolaires
  • troubles de la personnalité

Ce tableau met en évidence la multiplicité des types de déficiences et de leur variabilité, ainsi que les difficultés auxquelles sont confrontées les personnes handicapées.

  • Handicap mental – handicap psychique : tableau comparatif: des besoins communs, des traits spécifiques

    Handicap mentalHandicap psychique
    Origine biologique : génétique ou accidentelleOrigine non biologique (maladie psychique)
    Apparaît à la naissance (ou suite à l’accident)Apparaît souvent à l’adolescence (ou âge adulte)
    Déficience intellectuelle notable et durablePas de déficience mais désorganisation de la pensée
    Peu de formation ; peu de qualificationBon niveau de formation et de qualification
    Incapacités/ déficiences fixéesIncapacités/déficiences non fixées (évolutives)
    Pas ou peu de soins médicauxSoins médicaux importants et lourds
  • Une démarche d’accueil d’enfant handicapé en ACM
Préparation de l’accueil

- l’accueil doit être indiqué dans le projet pédagogique en précisant les modalités de cet accueil

- rencontres avec les familles et les enfants et partage d’informations, conseils, propositions

- création d’une relation de confiance

- mise en place éventuelle d’un PAI (Projet d’Accueil Individualisé)

- réunions avec l’équipe d’animation pour répondre aux questions, lever les craintes, envisager une pédagogie adaptée

- suivre et faire suivre d’éventuelles formations sur le ou les handicap(s) ciblé(s)

- établir un éventuel partenariat avec des spécialistes (associations, personnel médical, psychologues…)

- envisager une réorganisation du fonctionnement

- vérifier l’adaptation et le réaménagement des locaux afin de s’assurer de l’accessibilité et des conditions de sécurité

- préparer les enfants du centre (explications, réponse aux questions…)

Rôle des animateurs

- apprendre à tous à vivre ensemble en respectant les différences

- chercher le développement de l’autonomie de l’enfant

- viser une véritable participation à la vie de groupe

- traiter équitablement tous les enfants autour de règles de vie collectives et d’un cadre sécurisant

- éviter de surprotéger les enfants porteurs de handicap ou de leur appliquer un traitement de faveur

- s’adresser à l’enfant en tant qu’individu à part entière afin de ne pas le réduire à sa déficience

- proposer une aide dans les gestes de la vie quotidienne

- respecter les prescriptions médicales éventuelles

- adapter la communication aux canaux et aux possibilités de chacun

- organiser une juste répartition des tâches entre les membres de l’équipe

- faire des bilans réguliers et échanger sur les difficultés et les bonnes pratiques

- communiquer avec les familles et les rassurer si besoin

- respecter la confidentialité des informations partagées dans le cadre du secret professionnel

Activités

- activités accessibles à tous pour permettre la création de liens autour de projets communs

- certaines activités pourront être spécialement conçues et adaptées aux capacités, besoins et rythmes des enfants handicapés accueillis

- nombre d’animateurs adapté à la situation, aux conditions de sécurité et aux possibilités d’évacuation

- prévoir les conditions de déplacement (enfants en fauteuils, malvoyants…)

  • Un cas particulier : le PAI (Projet d’accueil individualisé)

Le PAI, créé en 2003 par une circulaire de l’Education Nationale et qu’on associe souvent aux enfants handicapés, est un protocole établi entre les parents, l'établissement scolaire (chef d'établissement, médecin, infirmière, assistante sociale, équipe éducative…) et les partenaires extérieurs pour permettre l'accueil d'un enfant souffrant d'un handicap temporaire ou d'une maladie. Cette démarche d’accueil, résultant d’une réflexion commune des différents intervenants impliqués dans la vie de l’enfant, a pour but de faciliter son accueil et de tout mettre en œuvre pour éviter l’exclusion et l’isolement.

Le rôle de chacun et la complémentarité des interventions sont précisés dans un document écrit et cosigné qui organise, dans le respect des compétences de chacun et compte tenu des besoins thérapeutiques de l’enfant, les modalités particulières de la vie quotidienne dans la collectivité. Il fixe en outre les conditions d’intervention des partenaires (conditions des prises de repas, interventions médicales, paramédicales ou de soutien avec leur fréquence, leur durée, leur contenu, ainsi que les méthodes et les aménagements souhaités).

Les animateurs sont amenés à connaître le PAI notamment pour les problématiques alimentaires (intolérances par exemple, allergies) qui en font l’objet.

4. Les personnes âgées

Baby-boom, progrès de la médecine, des conditions de vie, de la protection sanitaire et sociale, des conditions de travail, l’espérance de vie en France métropolitaine s’est allongée pour atteindre, en 2016 : 82,57 ans (79,4 ans pour les hommes et 85,4 ans pour les femmes). Inéluctable, le vieillissement est un processus graduel et vécu de manière très différente d’un individu à un autre. On associe généralement la vieillesse avec le départ en retraite, c’est-à-dire la sortie du monde du travail, à partir de 55-60 ans en moyenne.

Les plus de 50 ans représentent aujourd’hui 21 millions de personnes, soit un tiers de la population ; les plus de 60 ans (âge de départ moyen à la retraite) environ 13 millions de Français, soit 21% de la population. Les projections statistiques de L‘INSEE prévoient qu’en 2050, 1 français sur 3 aura plus de 60 ans et près d’1 sur 2 aura plus de 50 ans.

4.1. L’animation socio-culturelle auprès des personnes âgées : un enjeu de cohésion sociale

L’augmentation de l’espérance de vie, en bonne santé, et les demandes croissantes en matière de loisirs et d’activités culturelles de la part des personnes âgées, font que l’animation en direction de cette population se développe au sein des collectivités territoriales et représente un enjeu de cohésion sociale. De fait, l’animation socio-culturelle permet d’entretenir les liens sociaux, notamment par une implication des personnes âgées dans le milieu associatif, de lutter contre l’isolement et l’exclusion et de valoriser les expériences accumulées tout au long de la vie, notamment par des projets intergénérationnels de transmission et de partage culturel. Le maintien du lien social entre les générations est devenu un objectif majeur depuis la canicule de l’été 2003 et son corollaire de décès supplémentaires (15.000). Le ministère de la Jeunesse a d’ailleurs mis en place depuis 2005 un BPJEPS animation sociale intégrant le métier d’animateur personnes âgées à travers une option « animation et maintien de l’autonomie de la personne », insistant notamment sur la prévention du risque de rupture du lien social.

4.2. Les trois âges de la vieillesse

On distingue généralement trois âges de la vieillesse.

Le premier âge (60-75 ans) est dit « actif et en bonne santé ». Les jeunes retraités sont grands-parents, ils participent activement aux loisirs, font du sport, poursuivent éventuellement une activité professionnelle, s’engagent dans la vie associative et aident leurs enfants et/ou parents très âgés. D’un point de vue subjectif, ces jeunes retraités ne se considèrent pas comme « vieux » ; c’est au contraire pour eux le début d’une nouvelle vie qui peut durer jusqu’à 40 ans.

Le deuxième âge du vieillissement, très court, est une transition, aux alentours de 75 ans, vers les premiers problèmes de santé ou maladies chroniques, les premiers risques d’isolement et un besoin d’entourage.

Le troisième âge, appelé « quatrième âge de la vie », après 80 ans, est très souvent celui de la dépendance aux aidants et aux services à la personne, la famille et les proches ne pouvant plus assurer la sécurité et le soin nécessaires à ces personnes dites « en fin de vie ». C’est l’âge des adaptations du logement, par exemple le recours à la domotique, aux dispositifs d’assistance, voire celui du placement en EHPAD.

Cette partie de la population est très hétérogène : les spécificités à prendre en compte dans un projet avec des personnes âgées seront l’âge, la condition (physique et mentale), autrement dit les capacités personnelles, afin que ces « seniors » vivent pleinement cet âge sans se mettre en difficulté.

4.3. Bonnes pratiques

Avant d’envisager des actions, il est essentiel de vérifier un certain nombre de points :

  • La personne est-elle malade ou bien portante ?
  • Est-elle autonome ou dépendante ?
  • Est-elle en souffrance ?
  • Est-elle encore à la maison ou en institut ?
  • Est-elle entourée familialement et socialement ou isolée ?
  • Quelles sont ses passions, a-t-elle des centres d’intérêt, des connaissances et des compétences à partager ?
  • Est-elle financièrement à l’aise ou en difficulté ?
  • Bénéficie-t-elle d’aides (aide à domicile, repas livrés, minimum vieillesse…) ?

Trop souvent, la tendance est à l’infantilisation des personnes âgées par des attitudes maternantes ou paternalistes de surprotection. Comme pour tout public, la relation doit être basée sur la confiance et le respect mutuel en prenant en compte les besoins et désirs et en les aidant à les exprimer. Le changement, l’inattendu peuvent aussi être source d’angoisse ou de stress.Il est donc important de préparer les interventions en amont et ne pas hésiter à impliquer le public dans la définition des projets.

Conclusion : le croisement des publics dans les projets intergénérationnels

Mobiliser les personnes âgées dans des actions bénévoles intergénérationnelles représente une contribution positive au « vivre ensemble ». Intégrer cette partie croissante de la population dans des projets intergénérationnels c’est d’abord reconnaître son existence et ses potentialités. De fait, les personnes âgées sont une ressource (trop souvent négligée) dotée d’une volonté massive d’engagement notamment dans le domaine associatif (un retraité sur deux est membre d’une association Loi 1901) et le domaine de l’éducation. Si les projets intergénérationnels permettent de lutter contre les clichés, contre la discrimination et l’isolement liés à la méconnaissance de la vieillesse pour les uns, ils contribuent aussi à la lutte contre le décrochage scolaire pour les autres. Plus concrètement, les nombreux exemples de projets intergénérationnels (interventions dans les écoles, récits de vie, relations d’aide – informatique, ateliers de lecture, formations…) d’échanges d’expérience et de savoirs, parce qu’ils contribuent à élargir le regard sur le monde, à développer les connaissances, l‘esprit critique et les responsabilités à l’égard de l’Autre, entrent pleinement dans le champ de l’éducation populaire. Par ailleurs, les rencontres, échanges, engagements de part et d’autre, conseils, accompagnement (par exemple à la création d’entreprise) participent du lien social et contribuent à la reconnaissance et à la socialisation des séniors. Enfin, le parrainage affectif, l’écoute, la tolérance contribuent à l’épanouissement personnel et à restaurer l’estime de soi, souvent blessée pour les uns du fait de l’âge, pour les autres du fait de la situation socio-culturelle.

En somme, croiser les publics et développer des projets intergénérationnels illustrent une volonté d’action qui honore la citoyenneté.

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